[Intrigue] Une mystérieuse découverte

Déjà le retour des vacances! Pourquoi cela passait-il toujours si vite? Alice aurait bien voulu que cela en soit autrement... Mais elle préférait ne pas y penser. Elle s'était donc rapidement remise le nez dans ses habitudes et ses projets: son poste de préfète et, surtout, le journal de l'école. Cela ne faisait que quelques jours qu'ils étaient rentrés de vacances et, déjà, elle avait annoncé partout dans l'école une rencontre de rédacteurs pour le journal, anciens comme nouveaux. Aurait-elle au moins un maigre succès? Elle l'espérait, car cela pourrait sans doute au moins lui remonter un peu le moral.

En entrant dans la salle, Alice retrouva les quelques bonnes vieilles tables et chaises posées là depuis longtemps. Elle songea qu'elles ne servaient pas à grand chose... En fait, cette salle avait jusqu'alors été une simple salle de classe abandonnée et désuète. On racontait même des histoires sur cette salle, bien qu'elle n'y croyait pas du tout. Un secret? Un mystère? Peut-être. Mais elle n'avait rien trouvé ici de bien différent des autres salles. Et elle ne s'en servait que quelques journées par mois, à peine.

Comme d'habitude, elle ouvrit très grands les rideaux et s'assit au pupitre face à la porte, se plongeant dans une lecture en attendant de voir - elle l'espérait - quelqu'un se pointer le bout du nez.

Le bout du nez de Grace se pointa.

Elle avait vu l'annonce d'Alice et avait dû se rendre à l'évidence : sa chronique ne fonctionnait pas du tout comme elle l'avait espéré. Et puis, de toute façon, Grace avait perdu toute envie d'écrire depuis le début de l'année. Ce n'était qu'une formalité que d'annoncer à Alice qu'elle se retirait de l'équipe. Pourtant, elle redoutait ce moment. Elle s'avouait vaincue. Et la dernière personne de cette école à qui elle voulait crier haut et fort qu'elle avait échoué, c'était bien Alice Wolf.

Grace toqua discrètement, pour ne pas faire sursauter Alice. Elle ne s'en serait pas soucié habituellement, mais Alice avait un de ces tempéraments... C'était déjà assez difficile comme ça.

- Salut! C'est bien aujourd'hui, la réunion?

Grace détestait ces phrases débiles d'introduction. Pourquoi Alice serait-elle seule dans une salle abandonnée (recyclée en salle de rédaction) si ce n'était pas le moment d'une réunion? Mais encore là, elle faisait tout pour mettre de la joie dans l'atmosphère. Ce qui n'était pas son genre, et elle devait faire attention pour ne pas grimacer à son propre comportement.

Geneviève, qui l’avait suivit discrètement et à bonne distance, se glissa à son tour à l’intérieur par la porte entrebâillée. Silencieuse, le visage aussi froid et inexpressif que d’habitude, elle alla s’asseoir un peu en retrait, ignorant ses deux collègues. Sous son bras, deux rouleaux de parchemin plutôt épais, ses chroniques de septembre et d’octobre pour la Gazette, qu’elle avait rédigés durant l’été. Elle ne savait plus trop quoi écrire dans le journal, les idées lui manquaient de plus en plus qu’elle puisait dans son savoir sur le sujet. Et puis, rien ne lui disait que l’on lisait ses articles sur le Quidditch et les balais volants. Elle avait sérieusement le goût d’abandonner le journal. De toute manière, elle avait d’autres chats à fouetter. Son rôle de préfet n’était pas aussi exigent qu’elle ne l’avait redoutée, et il n’y aurait finalement pas de Quidditch cette année, mais elle avait pourtant encore cette impression d’avoir trop de charges sur les épaules.

Geneviève avait peut-être un caractère bouillant, mais cela ne voulait pas dire qu’elle était impolie. Elle attendit qu’Alice réponde à la blonde de Serdaigle (Geneviève l’avait déjà croisé ici ou là dans les couloirs, mais n’y avait jamais vraiment prêté attention) avant de poser ses rouleaux sur la table.
- Ce sont mes dernières chroniques, déclara-t-elle.
Elle n’en dit pas plus, fidèle à son économie des mots. Voyons voir si Alice allait comprendre le subtil message et comment elle allait réagir…

Alice releva la tête à l'entrée de Grace Prewett. De loin la plus productive dans le journal... Non, c'était du sarcasme, bien sûr. Elle n'avait jamais trouvé de véritable utilité à un courrier du coeur, surtout que le sien était plutôt... absent. Elle l'accueilla tout de même d'un léger sourire, peut-être un peu forcé..

- Salut! C'est bien aujourd'hui, la réunion?

*Non!* pensa-t-elle. Puis elle se ressaisit. Ça suffit, le sarcasme. Un peu de sérieux, allez, Alice, c'est pas bien difficile... Un sourire, des belles paroles. Et voilà.

- Oui, bien sûr, répondit-elle, maitrisant presque à merveille l'art de masquer ses pensées.

Entre temps, Geneviève Aubuchon avait également fait son entrée dans la pièce. Alice appréciait son travail, et surtout son assiduité. Grâce à elle, le journal avait un peu de contenu. Pourtant, elle ne la connaissait pas vraiment et n'avait jamais véritablement socialisé avec elle. Son visage inexpressif et légèrement froid l'intimidait, en quelque sorte. Elle semblait inaccessible, du moins, pour elle, bien qu'elle ne le réalisait pas vraiment. Elle l'accueilla d'un sourire.

- Ce sont mes dernières chroniques, déclara-t-elle en déposant deux rouleaux de parchemin sur la table.

Alice prit un moment avant de répondre, la bouche ouverte et les yeux passant des rouleaux à celle qui les avait déposés là. Ses dernières chroniques?

- Super...! Mais... tes dernières? Tu veux dire...?

Elle fronça les sourcils, regardant Geneviève d'un air interrogatif. Alors, elle allait quitter le journal!? Elle espérait que non. Sans elle, ce serait tout simplement...vide. Déjà que le journal n'était pas très actif. Elle attendit la réponse avec anxiété, jetant également un regard à Grace qui attendait toujours à côté d'elles.

Grace fut satisfaite de sa mascarade, puisque Alice ne piqua pas de colère. Elle semblait même plutôt contente mais, au fond, peut-être jouait-elle elle aussi la comédie.

Geneviève interrompit le malaise en faisant son entrée et en déposant quelques parchemins devant Alice. Pas de bonjour. Alice ne s'emporta pas. Grace soupira, ennuyée d'avoir fait tant d'efforts pour être gentille alors que Geneviève, elle, la fille de marbre, était accueillie à bras ouverts. Quelle injustice, quand même.

- Ce sont mes dernières chroniques, avait-elle dit.

Grace remarqua plusieurs choses lorsque Geneviève parla enfin. La première, c'était qu'elle ne l'avait jamais entendu parler (ou alors, pas qu'elle se souvenait, donc ce ne devait pas être important). La seconde, c'était qu'elle parlait d'un ton définitif et déterminé. Elle n'aurait pas cru cela de la petite préfète muette... Enfin, elle ne l'aurait pas pensé si elle s'était un jour mis à s'imaginer la façon dont l'Amérindienne parlait, et Grace n'avait pas encore assez de temps à perdre pour s'adonner à ce genre d'activité.

Ce fut donc un peu en retard que Grace comprit que Geneviève quittait le journal. Elle s'était fait doubler... Même si Grace était entrée la première, elle n'avait pas réussi à annoncer sa décision avant la Gryffondor. Pas qu'elle savait qu'un autre membre du journal voulait le quitter, mais maintenant... Comment pourrait-elle à son tour annoncer la même chose à Alice et éviter une colère ou, pire, une crise de larmes?

En attendant la confirmation de Geneviève, Alice jeta un regard en coin à Grace. Elle essaya d'avoir l'air aussi compatissant que possible, mais c'était si inhabituel, chez elle, qu'elle ne sut pas si elle avait réussi. Ainsi, Grace détourna le regard assez rapidement et toussotta pour masquer ses talents d'actice douteux.

- Super...! Mais... tes dernières? Tu veux dire...?
Elle était surprise, évidement. Geneviève était l’une des rares, non, la seule qui offrait au moins à chaque mois un article pour le journal.
- J’ai beaucoup de choses à faire ses derniers temps et mes renseignements s’épuisent, répondit-elle simplement.
Il ne faut pas la tête à Einstein pour comprendre le « Oui, j’arrête. » caché dans sa phrase.
*Et comment puis-je être sûre que mes chroniques intéressent qui que se soit? Si le balai volant aurait intéressé quelqu’un d’une quelconque manière, il y aurait eu plus d’inscription pour le Quidditch. On ne peut nier ce fait.*
- Si je trouve le temps... finit-elle vaguement.
Elle doutait que ce puisse être le cas, mais bon. Malgré son air indifférent et froid, cela la dérangeait un peu d’abandonner là la Gazette, dans lequel elle s’était engagée au meilleur de ses connaissances. Surtout qu’Alice avait l’air peinée d’apprendre la nouvelle. Geneviève ne la connaissait pas beaucoup, mais n’avait pas de mauvaise opinion à son égard. Par contre, pour ce qui est de l’autre Serdaigle, qui tentait vainement de se monter compatissante, elle n’avait pas vraiment envie de connaître jusqu’à son nom tellement elle semblait inintéressante. Aussi l’ignora-t-elle purement et simplement, comme elle le faisait avec la plupart des gens.