Déprime

[HRP: sujet libre]

Qui suis-je? Où vais-je? Que fais-je?

Lestat se posait toutes ces questions existentielles, un livre posé sur les genoux, l'air vague.
Depuis la rentrée, il se demandait vraiment ce qui lui arrivait. Entre ses sentiments ambïgus pour Geneviève et sa toute fraîche attirance pour Dyson, il ne se reconnaissait plus.

Enfin, la nouvelle année débutait, et les élèves de première année inondait la salle commune de leurs rires timides. Il se demandait si l'un d'entre eux viendrait lui poser une question du genre 'où sont les toilettes?'. Peut-être aurait-il l'occasion de voir Simon aussi. Simon qui lui avait caché l'existence de la folle de serpentard.

Ahhhhh Lestat souffla et se relongea dans sa lecture des réfléxions métaphysiques.

L'agitation des premières années avaient achevé la mauvaise humeur de Charles. Après en avoir bousculé un ou deux, il finit par monter se coucher. Au moins, il serait tranquille.

Salut Lestat, ça va ? Tu lis quoi ?

Et merde. La personne que le garçon ne voulait absolument pas rencontré maintenant. Non pas que Simon n'était pas gentil, au contraire, il l'était même un peu trop. Mais il n'avait pas le choix, et il faut dire que désormais il n'avait plus d'amis, comme la seule personne qu'il fréquentait l'année dernière était Meeky.

-Salut les gars...

Il était d'humeur maussade, mais il remarqua qu'il n'était pas le seul.

Lestat referma son livre et afficha un pâle sourire quand il vit Simon.

"Ca peut aller Simon...ce que je lis? Oh, de la philosophie moldu, du Descartes, je ne sais pas si ça évoque quelque chose pour toi..."

Son ami n'était pas reconnu pour être une foudre d'intelligence, et Lestat laissa sa phrase en suspens. Plus il y repensait, plus il trouvait que Simon et lui se complètaient. Un peu comme Laurel et Hardy, deux personnes au contraste frappant. Il est vrai qu'ils formaient un duo étrange. Simon si bon vivant, un bon rond, et lui, si maigre, fermé.
Cette pensée le tira légèrement de son état depressif.

"Comment tu vas toi?"

Il allait ajouter un 'et tes vacances' mais il n'en eut pas le temps. Tout sourire s'effaca de son visage quand il aperçu la silhouette de Charles Dyson apparaître à côté de celle de Simon. Pourquoi venait-il le tourmenter jusqu'ici grand Dieu?
Lestat essaya de se donner un air impassible, un art dans lequel il excélait en temps normal.

-Salut les gars...

Lestat hocha simplement la tête.

"Bonsoir à toi, Charles. Que nous vaut ta venue?"

Depuis qu'il n'était plus avec Shinoda, le pauvre Dyson devait se sentir mal. Shinoda, malgré sa stupidité évidente, était très populaire à Gryffondor, alors que Geneviève, Simon et lui restaient en retrait.

Même s'il concervait son air froid et distant, Lestat sentait son coeur battre la chamade, et ses joues s'empourprer légèrement.

"Bonsoir à toi, Charles. Que nous vaut ta venue ?"

Charles ne s'attendait absolument pas à cette question et se sentit complètement destabilisé. Devait-il se justifier d'être dans sa salle commune ?

-Euh... pas très envie de rester dans la salle commune...trop de bruit...

Et voir Meeky me tue.

Il n'en pouvait plus de cette situation, du mépris de la jeune fille pour lui, de son ignorance. Tout à coup et devant les deux garçons, il éclata en sanglots. Ne sachant plus que faire face à se comportement qui ne lui ressemblait pas, il monta en vitesse dans le dortoir des garçons, se déshabilla et s'enfonça sous ses couvertures. Les yeux embués, il s'en voulait de s'être laissé emporté de la sorte par ses émotions. Pourquoi s'était-il autant attaché à elle, elle qui semblait ne pas s'être accrochée à lui ?

L'amour c'est nul.

[HRP : désolé ! Je suis trop nul, voilà j'ai tout arrangé.]

Lestat fut troublé devant le visage si tourmenté de Charles. Il sentit un frisson descendre le lond de sa colonne. Il réprima des pensées étranges, et se leva quand Charles disparut dans l'escalier.

"Simon, je vais voir ce qu'il a"

Une voix lointaine.
Il laissa tomber son Descartes et observa d'un oeil vide l'escalier en colimacon qui montait au dortoir. Mécaniquement, comme si cette décision ne lui appartenait pas, et que son corps le poussait de l'avant, il gravit chacune des marches, et s'arrêta sur le seuil du dortoir. Là, entre les rangées de lit, il repéra celui de Dyson, et s'avanca.

"Charles?"

Il resta devant le lit, les bras balants, son air de cadavre ambulant habituel collé à sa peau.

"Tu l'aimes toujours?"

Il y'avait dans sa voix comme une pointe de déception. Il appuya fortement sur 'toujours'

Charles entendit des bruits de pas monter les escaliers, puis une voix se fit entendre.

"Tu l'aimes toujours?"


Et voilà. Le gryffondor venait de poser THE question. Bien sûr qu'il l'aimait toujours, on ne peut pas effacer presque un an de sa vie en si peu de temps. Et tous les gens qui le regardaient avec de la pitié dans les yeux, tous les gens sur lesquels Charles avait le malheur de tomber lorsqu'il pleurait silencieusement au détour d'un couloir, tous les gens qui murmuraient sur son passage, tous les gens qui compatissaient... Tous ces gens Charles aurait voulu les voir morts. Et il lui fallait maintenant répondre à Lestat qui le regardait toujours avec ces yeux de merlan-frits vitreux qui signifiaient "je suis désolé pour toi, franchement tu n'as pas de chance, mais ne t'inquiète pas tu trouveras quelqu'un de beaucoup mieux, et puis si vous n'êtes plus ensemble c'est sûrement qu'il y avait quelque chose qui ne collait pas entre vous, mais je ne comprends pas, tu es un gars mignon, très sympa, tu mérites mieux".

-En quoi ça te regarde ?

Le jeune homme préférait être agressif pour ne pas montrer sa faiblesse. Au moins comme ça les gens lui ficheraient la paix.

Lestat haussa les épaules. Ca ne le regardait pas, d'habitude, il s'en fichait bien des problèmes de coeur des autres. Il comprenait qu'on veuille être seul. Mais, que ce soit pour Geneviève, Simon, et maintenant Dyson, il ne pouvait pas rester insensible. Au fond de lui, il se sentirait poignardé de voir ceux qu'il aimait souffrir.

-Ca ne me regarde pas...je suppose que tu veux rester seul, excuse-moi, c'était une grossière erreur de ma part de venir te voir.

Il se mordilla la lèvre inférieur, tout ça pour ne pas crier à la figure de Charles un 'Je crois que je t'aime'. Ce n'était pas le moment, et peut-être cela ne le serait-il jamais...

Mais au lieu de partir, il alla s'asseoir sur le lit di Simon, le sien étant situé en hauteur, et resta à contempler l'obscurité en face de lui.

Après la réponse de Lestat, Charles se mit à culpabiliser en silence. Après tout, le garçon n'y était absolument pour rien.

-Excuse-moi Lestat, je suis un peu sur les nerfs en ce moment...

Voyant le gryffondor assis sur le lit de Simon sans bouger, il sortit de ses couvertures en caleçon et alla s'asseoir à ses côtés. Il se doutait qu'il venait de vexer Lestat, ce garçon étrange et solitaire qu'il n'arivait absolument pas à cerner. Il fallait qu'il dise quelque chose, l'atmosphère était trop tendue.

-Tu crois que Simon cache des tablettes de chocolat sous son oreiller ? J'ai l'impression de l'entendre manger la nuit à des fois...

Lestat se sentait vidé, peut-être même plus que Dyson. Il s'écoula une minute, puis deux, sans que le silence ne soit brisé. Puis un frottement, et la silhouette de Charles se rapprochant de lui. Son coeur entama le Mach trois quand il remarqua que le jeune garçon...oh non, était en caleçon.

*Mais...mais...il a pas de pyjama ou quoi?*

Il frisonna, mais se garda bien de faire un commentaire du style 'Charles, tu devrais enfile ce sweet-shirt, il fait froid'. Cependant, il se décala assez pour ne pas être en contact avec l'ex petit ami de sa préfète.

-Tu crois que Simon cache des tablettes de chocolat sous son oreiller ? J'ai l'impression de l'entendre manger la nuit à des fois...

Il faisait noir, et là, si près de lui, se tenait Charles, assis, avec seulement un caleçon sur lui...

-Je...je ne sais...sans doute, se reprit-il. Il y a des fois ou je me le demande...

Il insista bien sur le 'y'a des fois'...apparement, Charles avait quelques petits problèmes avec la linguistique.
Il sentit le corps de Dyson s'agiter près de lui.

*Pourvu qu'il ne veuille pas vérifier, il risque de me toucher... et il est pas très habillé...il a pas froid dans cette tenue? On est en septembre quand même!*

Tant pis. Il brisa le silence, après un petit 'heum heum'.

-Tu devrais mettre un sweet-shirt Charles, fait pas chaud...

*Menteur, tu es bouillant Lestat...*


Pourvu qu'il ne se colle pas, surtout, pas ça!

Etrangement, Charles se sentait à l'aise avec Lestat, même si le silence occupait presque tout l'espace.

-Tu devrais mettre un sweet-shirt Charles, fait pas chaud...

-Oh non ne t'inquiète pas, j'ai l'habitude, et puis il fait chaud dans le dortoir. Chez moi je dors tout nu, mais bon, je n'ose pas trop le faire ici, à des fois où je choquerai quelqu'un...

Le jeune homme n'avait pas beaucoup mangé lors du banquet, et son ventre émis un gros gargouillement. L'attrait du chocolat potentiel sous l'oreiller de Simon fut le plus fort. Charles frôla le dos de Lestat avec son torse, fouilla rapidement sous l'oreilller et en retira un gros paquet de chez Honeydukes.

-Ah ! Je le savais !

Il déballa le chocolat, en mangea un bout et en proposa à Lestat.

-Mrrrf mrffr mrfff t'en veux un morceau ? Il est super bon !

Lestat vivait un étrange rêve. Un rêve où Charles lui avouait qu'il dormait nu chez lui. Lestat imagina un instant la chose, puis se ravisa. Il maudait son esprit en silence, et continua de dévorer des yeux Dyson.

Et soudain,voilà, évidemment...comme si il avait lu dans son esprit, Charles venait de le frôler. Il sentit tout son dos se hérisser, tout son corps réagir au contact de Charles.

*Mon Dieu...*

Et maintenant, Charles se retrouvait face à lui, les joues se gonflant au rythme des morceaux de friandises qu'il avalait. Son coeur battait la chamade. Il était si près, il était si beau, il était si...

--Mrrrf mrffr mrfff t'en veux un morceau ? Il est super bon !

...il venait de lui postilloner dessus, aussi... Lestat avait la bouche en feu, et il lui semblait qu'il ne désirais qu'une seule chose: se rapprocher de Charles, et goûter le contact de la peau du garçon contre son épiderme. il se sentit rougir, mais dans le noir, à part si on a des yeux bleus fluorescents, généralement, on ne remarque pas vos changement de couleurs.

C'est alors qu'il attendit, doucement, patiement, comme s'il guettait sa proie, que Charles finisse d'engloutir ce chocolat. Et il se lança. Ce fut d'abord comme un grand vide qui envahit son être. Puis il fut possédé, possédé par un autre, celui qui voulait aller jusqu'au bout de ses désirs.
Il se rapprocha de Charles, en sentit bientôt son haleine. Ce fut rapide. En un éclair, il déposa sur les lèvre du gryffondor un léger baiser.
Il ne savait pas comment Charles allair réagir, et, maintenant, il s'en fichait. Il ne sentait rien d'autre que ce contact si plaisant, il ne ressentait rien d'autre qu'un énorme frisson raidissant tout son corps.

Le contact était toujours là, restait à savoir si Charles allait reculer ou accepeter la chose...

Alors qu'il était tranquillement en train de déguster le chocolat de Simon, Charles sentit les lèvres de Lestat sur les siennes. Ce ne fut qu'un instant, mais ce baiser le déstabilisa. Il se retint de dire la première phrase qui lui serait venu à l'esprit afin de ne pas blesser le garçon. Après tout, il n'avait jamais vu les choses de ce point de vue là. Peut être qu'un garçon le comprendrait mieux... Et la tête que Meeky ferait... Lestat n'avait pas dit un mot depuis son geste, attendant probablement une réaction de la part de Charles.

-Je... Je...

Il voulait dire quelque chose mais ne savait pas quoi. Ce qui était sûr, c'est que ce baiser ne l'avait pas du tout répulsé, bien au contraire. Alors, sans réfléchir beaucoup plus, il s'approcha à son tour de Lestat, doucement, mit une main sur sa joue, et l'embrassa. Ce baiser-ci fut plus long, plus chaleureux. Quand il prit fin, Charles poussa un léger soupir.

-Je ne sais pas quoi dire...

Apparemment, Lestat non plus. Tout cela était si soudain...

Lestat ne s'y attendait pas. Tout, une claque, un pamphlet virulant, l'attaque des abeilles tueuses, mais certainement pas une réponse si...positive? de Charles. Le baiser du gryffondor lui picotait encore la joue, dans une douce sensation de chaleur. Lestat regarda Charles dans les yeux, presque l'une des seules choses en relief dans ce noir d'encre.

-alors ne dis rien...

Il pencha sa tête sur le côté et savoura l'instant écoulé. Voilà, il l'avait fait, et cela avait été plus rapide et plus simple qu'une déclaration vaseuse d'amour, si toutefois amour il y avait.
Lestat resta collé contre le corps de Charles, ce corps torse-nu, aussi ardent que de la braise.
Finalement, pour ne pas laisser ce silence installer un malaise entre eux deux, il prit la parole.

-je ne me doutais pas que...que...je pensais...que tu réagirais mal...

Ce n'était pas une question, et pourtant, tout dans le ton indiquait clairement l'interrogation de Lestat. Lui qui pensait avoir éprouvé une attirance interdite pour le jeune garçon avait cru qu'il serait rejeté. L'action de Charles lui montrait le contraire. La chose se répandit comme un soulagement dans son esprit.

-Alors ne dis rien...

La réponse de Lestat était si simple qu'elle charma Charles. Leur étreinte fut passionée, cependant ce n'était pas une passion violente ni brutale, mais une passion douce, chaleureuse.

-Je ne me doutais pas que...que...je pensais...que tu réagirais mal...
-Pourquoi j'aurais mal réagi ? J'aurais très bien pu me reculer, mais sur le coup de la surprise, on ne réalise pas tout de suite ce qui se passe... Je n'en aurais pas pris l'initiative, mais quand j'y réfléchis bien...

Le jeune homme embrassa de nouveau son ami.

-Ce n'est pas désagréable !

Une autre question lui traversa l'esprit.

-Comment on dit ça aux autres ?